Hugo Pratt, Alberto Ongaro, L’Ombre

Quand Hugo Pratt se prête au jeu du super héros justicier c’est pour notre plus grand plaisir

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964Quelques années avant de créer le mythique Corto Maltese et de retracer les aventures des Scorpions du désert, Hugo Pratt crée, avec comme scénariste Albert Ongaro, le personnage de l’Ombre, à mi-chemin entre Batman et Flash Gordon.

Comme
Batman, l’Ombre est riche, désoeuvrée et à la recherche de la justice. En guise de Joker, elle a le « Général », qui deviendra par la suite l’ »Amiral » puis le « Suprême », ennemi sans cesse battu mais qui s’échappe toujours. L’Ombre a des alliés : le Prince Wu et de sa panthère noire Lorna, et le professeur Sanders, alias (lui aussi) le Général. Il y a aussi une femme fatale à ses côtés, Alice, aussi ingénue que dangereuse. Et puis – et surtout, il a ses plus fidèles compagnons : des robots, toutes sortes de robots. Ceux-ci sont ses valets, ceux qui s’attellent à toutes les tâches ingrates et malhonnêtes sans jamais le trahir, qu’il s’agisse de dévaliser des bateaux chargés d’argent ou de kidnapper de riches maharadjahs.

L
’Ombre ne peut à elle seule imposer sa vision personnelle de la justice ; elle est mal vue de la police, qui est une entrave à sa quête de l’élimination du grand banditisme. L’Ombre dispose de plusieurs repaires équipés de laboratoires, d’hélicoptères ou d’avions, et surtout d’une arme redoutable : un « gaz de peur », qui lui permet de maîtriser ses ennemis sans leur faire de mal, tandis que les morts pullulent dans le camp opposé. Le Mal est sans foi ni loi… et sans frontières !

Le
présent recueil comporte cinq récits : L’Ombre contre le Général, L’Ombre contre l’Amiral, L’Ombre contre le Suprême, L’Ombre et le sceptre d’or et L’Ombre et les hommes volants. Seul L’Ombre et le sceptre d’or –  l’Ombre enquête alors sur les origines de la maison de sa sœur à Venise –
ne met pas en scène le professeur Sanders.

Ces histoires ont, sans nul doute, permis à Hugo Pratt de réviser ses gammes. Le trait est identique à celui de Corto Maltese, des Scorpions du désert ou de Fort Wheeling. Certains robots deviendront des personnages de légende dans « Mu », le dernier album des Aventures de Corto Maltese, et la sœur de l’Ombre n’est pas sans rappeler Pandora, LA femme que Corto aurait dû épouser, dans « La Ballade de la mer salée ». Alors bien sûr, la poésie d’Hugo Pratt n’est pas encore au rendez-vous, mais l’ésotérisme est déjà présent. Son attrait pour l’Histoire aussi. Et puis, au bout du compte, c’est du Pratt tout craché.

   
 

Hugo Pratt, Alberto Ongaro, L’Ombre, Casterman, 2004, 220 p. – 16,75 €.

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